« [...] Nous nous attendons bien que les ennemis des citoyens de couleur et des noirs vont les calomnier auprès du peuple français. Ils vont les peindre comme des hommes méchants et indisciplinables, enfin comme des êtres cruels et féroces. Citoyens français, ne les croyez pas ; ceux qui tiennent ce langage ne sont pas des colons fidèles, ce sont des colons contre-révolutionnaires qui font la guerre à la liberté et à vous-mêmes [...] ! Ces noirs qu’on vous peindra si méchants, autrefois réunis dans des ateliers de trois, quatre ou cinq cents, se laissaient conduire par un seul blanc sans rien dire, et étaient dociles à tous ses caprices. S’ils étaient si féroces, les aurait-on menés si facilement ? Leur méchanceté n’est que dans le cœur de leurs oppresseurs ; c’est un prétexte que ceux-ci prennent pour justifier l’esclavage [...].
Les fautes des malheureux noirs, je le répète, ne sont jamais, n’ont jamais été que les crimes de ceux qui les égarent après les avoir opprimés. [...] Les noirs ont même le germe des vertus : ces vertus leur appartiennent, leurs défauts viennent seuls de nous ; ils sont naturellement doux, charitables, hospitaliers, très sensibles à la piété filiale ; ils aiment la justice et ont le plus grand respect pour la vieillesse : ces vertus, peuple français, les rendent encore plus dignes de toi. [...]
Quand j’ai vu que je pouvais compter sur leur fidélité, ayant été choisi par l’assemblée des électeurs, légalement formée, aux termes du décret du 22 août 1792, [...] je n’ai point hésité à braver tous les dangers pour venir vous présenter avec mes collègues, [...] l’hommage de leur attachement au peuple français et de leur dévouement à la République une et indivisible ; Européens, Créoles, Africains, ne connaissent plus aujourd’hui d'autres couleurs, d’autre nom que ceux de Français.
Citoyens représentants, daignez accueillir avec bonté leur serment de fidélité éternelle au peuple français. Je réponds d’eux sur ma tête, tant que vous voudrez bien être leurs guides et leurs protecteurs. [...] Créez une seconde fois un nouveau monde, ou au moins qu’il soit renouvelé par vous ; soyez-en les bienfaiteurs ; vos noms y seront bénis comme ceux des divinités tutélaires. Vous serez pour ce pays une autre Providence. »
Extrait du discours de Louis Pierre Dufay colon et député de Saint-Domingue à l’Assemblée le 4 février 1794
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